Théorème de Wantzel
Théorème de Wantzel
algebra
Une application sympathique de la théorie des corps en géométrie. Les arguments sont assez simples et donnent lieu à de jolies applications.
Notation 1. On note l’ensemble des nombres constructibles. Tout au long du développement, on se permettra de confondre points et coordonnées.
GOZ
p. 49
Lemme 2. contient le corps .
Démonstration. Tout élément est constructible. Soit . Les points et sont constructibles. On considère la droite , parallèle à passant par . Cette droite est constructible, et son point d’intersection avec la droite passant par les points et est par le théorème de Thalès.
Donc . Comme , on a bien . ◻
Lemme 3. est un sous-corps de stable par racine carrée.
Démonstration. Soient . Commençons par montrer que est un sous-corps de .
Le point est constructible donc son symétrique l’est aussi. Donc .
La droite passant par les points et et la droite passant par les points et ont pour point d’intersection (par le théorème de Thalès). Donc .
D’après ce qui précède, et appartiennent à . La droite passant par les points et et la droite passant par les points et ont pour point d’intersection (par le théorème de Thalès). Donc .
On suppose . La droite passant par les points et et la droite passant par les points et ont pour point d’intersection (par le théorème de Thalès). Donc .
Ainsi, est un sous-corps de , qui contient par le 2. Maintenant, soit avec . Comme est un sous-corps de , on a . Le cercle de centre passant par et la droite passant par les points et ont pour point d’intersection et par le théorème de Pythagore. Donc .
◻
Théorème 4 (Wantzel). Soit . Alors, si et seulement s’il existe une suite finie de sous-corps de vérifiant :
.
, est une extension quadratique (de degré ) de .
.
ULM18
p. 103
Démonstration. On suppose constructible. Alors, il existe un point tel que est l’abscisse de . s’obtient à l’aide d’un nombre fini de constructions de points . Pour tout , on note les coordonnées de . De ce fait, on a une tour d’extension avec et pour tout , . Soit . Montrons que . On a différents cas possibles :
est l’intersection de deux droites passant par des nombres constructibles de . Alors, les coordonnées de sont solution d’un système d’équations de la forme avec par construction. Donc, et ainsi, .
est l’intersection d’une droite et d’un cercle passant par des points dont les coordonnées sont des nombres constructibles de et de rayon un nombre constructible de . Alors, les coordonnées de sont solution d’un système d’équations de la forme avec par construction. Raisonnons selon la nullité de .
Si , la première équation donne et en réinjectant dans la deuxième équation, on obtient que est racine d’un polynôme de degré . Ainsi, . Puisque , on a bien .
Si , alors (on ne peut pas avoir dans ce cas). Or, cette fois-ci c’est qui est racine d’un polynôme de degré . On peut conclure de la même manière que ci-dessus.
est l’intersection de deux cercles passant par des points dont les coordonnées sont des nombres constructibles de et de rayon un nombre constructible de . Alors, les coordonnées de sont solution d’un système d’équations de la forme avec par construction. On soustrait la deuxième équation à la première, pour obtenir le système équivalent : ce qui nous ramène au cas précédent.
Il suffit alors d’extraire de la suite une sous-suite strictement croissante (au sens de l’inclusion) en ne conservant dans la suite initiale que les corps extension quadratique du précédent (avec et ). On obtient une suite de sous-corps de (par le 3) qui remplit les trois conditions annoncées.
Réciproquement, supposons l’existence d’une suite de sous-corps de répondant aux trois conditions de l’énoncé. Montrons par récurrence que
Initialisation : : cela résulte du 2.
Hérédité : Supposons pour . Soit . Comme, par hypothèse, la famille est -liée :
Si , alors, . Donc .
Si , alors, . Donc, comme est un sous-corps de stable par racine carrée (cf. 3), .
Ainsi, . En conclusion, , donc est constructible.
◻
La réciproque et la conclusion du sens direct du théorème sont mieux rédigées dans , à mon avis.
GOZ
p. 52
Corollaire 5. Si est constructible, il existe tel .
Démonstration. Soit . D’après le théorème précédent, il existe une suite finie de sous-corps de vérifiant :
.
, est une extension quadratique (de degré ) de .
.
Par le théorème de la base télescopique, et par ce même théorème, et en particulier, est un diviseur de : ce qu’on voulait. ◻
Application 6 (Duplication du cube). Soit un cube de volume dont on suppose son arête constructible. Il est impossible de dessiner, à la règle et au compas, l’arête d’un cube de volume .
Démonstration. On a et donc . L’arête d’un cube est la racine cubique de son volume. Il faut donc construire le nombre Comme est constructible, ceci revient à construire le nombre Le polynôme est irréductible sur (par le critère d’Eisenstein) et annule : c’est son polynôme minimal sur . On a ainsi donc n’est pas constructible par le 5. ◻